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Pauvres banquiers ! Ils vont se manger entre
eux !
Par Karel
Vereycken
Annonçant ce qui semble être la nouvelle phase de
« l’auto-cannibalisation » de la mondialisation financière, le
président de l’Autorité bancaire européenne (ABE)Andrea
Enria, lors d’un entretien accordé le 17 novembre au Frankfurter Allgemeine Zeitung, regrette que suite à la crise de 2008, trop peu de
banques au sein de l’UE ont déposé le bilan. « Il s’agit de moins de 40 institutions, alors
qu’en comparaison, aux Etats-Unis, il s’agit d’environ 500 (...) Les
gouvernements ont voulu maintenir en vie leurs banques et cela a freiné le
processus de guérison » du
système financier européen, déclare Enria.
Le coprésident de la plus grande banque allemande
Deutsche Bank s’est joint à la critique. Parlant devant un congrès de
financiers à Francfort, Juergen Fitschen a regretté le manque de confiance dans
les forces du marché en Europe. « A
l’avenir, une banque [mais certainement pas la
sienne !] doit pouvoir faire faillite », réclame-t-il lorsqu’il constate que le processus de
consolidation du secteur bancaire avance très lentement. Trop de banques « ne progressent pas, parce qu’elles sont
maintenues en vie sans qu’elles ne participent au processus de
changement », dit ce responsable d’une des banques
les plus spéculatives du monde.
Il est à noter que, comme prélude à
l’Union bancaire qui fera de la Banque centrale européenne (BCE), après un
changement de statuts, le superviseur global et unique à partir du 1er janvier
2015, l’ABE conduira une série de tests de résistance sur les 130 plus grandes
banques européennes. Les résultats, qui seront rendus publics, seront si
dévastateurs qu’un certain nombre d’entre elles risquent d’y passer.
Pour Le
Monde, pas de doute : « Une nouvelle secousse bancaire n’est pas exclue
en Europe. Six ans après la crise de 2007, issue des excès liés aux subprimes,
il faut s’attendre à des remous. Liés, cette fois-ci, aux tests de résistance
et au très probable affichage d’un manque de capitaux pour un certain nombre
d’entre eux. »
Alors que tout le monde sait que sa banque aimerait
mettre le grappin sur les banques régionales (Landesbanken), le coprésident de Deutsche Bank se veut
menaçant :
On doit comprendre que
les douze mois à venir pourraient être les plus décisifs depuis l’éclatement de
la crise en 2008. Car si [les banques] ne conduisent pas cet exercice de
manière professionnelle, la pression venant des marchés financiers ne pourra
être arrêtée.
Ce qui inquiète, c’est le faible ratio
de fonds propres aussi bien par rapport aux crédits douteux que par rapport aux
dettes souveraines dont les banques se sont gavées depuis la crise. Rien que
les banques italiennes auraient besoin de 33 milliards d’euros pour
provisionner les pertes potentielles des crédits douteux (supposément 7% du
total).
Autre facteur explosif : ce que l’on appelle
désormais « le grand KO » (krach obligataire). Si la Fed décide de réduire
ses achats mensuels de bons du Trésor américain, les taux chuteront et la
valeur des obligations tombera au niveau mondial. Si l’on impose aux banques
italiennes une « pondération » de la valeur des obligations souveraines
qu’elles ont dans leur bilan, ce seront 500 milliards d’euros qui manqueront à
l’appel.
Avec les mécanismes de « résolution
bancaire » (bail-in et bail-out) que finalisent les institutions européennes, une
fois les actionnaires, les créanciers, les déposants et les contribuables
plumés, les méga-banques du système auront beau jeu d’organiser la grande purge
darwinienne permettant aux dinosaures et autres mammouths bancaires de retarder
provisoirement leur disparition finale en éliminant leurs concurrents.
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