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mercredi 31 juillet 2013

Le revolving fait des victimes


Copié/collé du site du JDD
La nouvelle législation et le ralentissement de la consommation fragilisent les établissements tels que Cofinoga.
La voix de la téléconseillère est toujours aussi chaleureuse. Ses premiers mots d’accueil se veulent rassurants. "Rien n’a changé dans nos délais ou dans nos procédures", assure-t-elle. Cofinoga supprime 462 postes, se restructure, mais continue à financer les consommateurs en mal de crédit. Une population qui se raréfie. Les résultats de Cofinoga en attestent. Les chiffres de la consommation aussi. Depuis plusieurs mois, la demande de prêts marque un net ralentissement. La consommation patine. Selon la dernière étude de la Banque de France, publiée il y a trois semaines, banques et établissements spécialisés prévoient un fort recul des demandes dans les mois à venir.
"La direction de Cofinoga aurait dû engager des mesures de réorganisation depuis au moins un an", assure un concurrent. Si la panne de consommation des Français n’avait rien de prévisible, la menace de réforme qui planait au-dessus des établissements financiers était bien réelle. Comme le reste de l’Europe, la France a dû sacrifier la vache à lait du crédit revolving ou renouvelable. Une mort annoncée depuis deux ans et appliquée depuis le printemps, avec l’entrée en vigueur de la loi Lagarde sur le crédit. Elle a été bien accueillie par les spécialistes du surendettement. "On retrouve du crédit revolving dans près de trois dossiers de surendettement sur quatre, précise Jean-Luc Vatin, directeur à la Banque de France. Mais attention, il n’est pas à l’origine des difficultés. Le surendettement moyen d’un ménage est de l’ordre de 36.000 euros, dont 18% de crédit et 82% de dette financière." Contrairement à Cofinoga qui s’était fait une spécialité du revolving, les deux poids lourds français, Cetelem (groupe BNP-Paribas) et Sofinco (Crédit agricole), ont évité une crise brutale grâce à leur taille et à des portefeuilles plus diversifiés. Les banques, elles aussi, s’en tirent bien. "Elles détiennent le marché du crédit classique pour lequel rien n’a bougé", rappelle Éric Delannoy, vice-président du cabinet de consultant Weave. Mais là aussi, un changement se profile.

Un fichier positif recensant les payeurs sans incident?

Le deuxième volet de la réforme Lagarde se mettra bientôt en place. Il prévoit l’entrée en application de nouveaux taux d’usure, qui ne seront plus définis par types de crédit mais selon les montants accordés. Finis les petits crédits hyper rémunérateurs et les taux attractifs sur les très longues durées. Une grande partie des tarifs pratiqués vont devoir changer. Un coup de griffe supplémentaire à la rentabilité des établissements financiers. Et une bonne nouvelle pour le consommateur qui se sera peutêtre d’ici là remis à dépenser. En attendant, les distributeurs prennent de plein fouet la baisse de la fréquentation de leurs magasins et la panne de crédit. Plusieurs enseignes comme But réalisent plus de 30% de leur chiffre d’affaires "en plusieurs mensualités".

"La consommation devrait être stimulée. Au contraire, on fait tout pour la freiner", s’indigne Jean- Pierre Viboud, directeur général d’Oney-Accord. La "banque" d’Auchan a accordé l’an dernier 2,6 milliards d’euros de prêts aux consommateurs du groupe. Mais la loi Lagarde a depuis rendu beaucoup plus compliqué l’octroi de crédit sur le lieu de vente. Les clients qui n’avaient pas prévu de faire leur shopping avec leurs feuilles de paie et leur quittance de loyer rentrent désormais bredouilles. Pour Oney- Accord et quelques autres financiers, la solution serait de mettre en place un fichier positif recensant les payeurs sans incident. Sur le modèle de fichier négatif de la Banque de France, qui pointe les mauvais payeurs et auquel ils n’ont pas accès. La mesure a déjà été adoptée par la majorité des pays européens. La France rechigne encore. Peut-être plus pour très longtemps.

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