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dimanche 10 décembre 2017

Quand Boursorama veut vérifier votre sexe


Je pourrais traiter ce sujet légèrement s’il n’était pas si grave. Ceci est arrivé à une dame qui désirait ouvrir un compte par téléphone dans cette banque en ligne.

J’ai entendu l’enregistrement de la conversation que je retransmets fidèlement.

Il faut savoir que cette femme a une voix de contralto qui peut entretenir une confusion pour un interlocuteur au téléphone.

Qui n’a jamais appelé madame un homme à la voix aigüe ou monsieur une femme à la voie grave. Ca nous est tous arrivé, et il suffit de s’excuser pour mettre fin à l’incident.


Cette femme a une voie que l’on peut confondre avec une voie masculine. Comme cette grande chanteuse de Gospel qu’était Mahalia Jackson à la voix si chaude et si profonde, telle Marlène Dietrich dont l’interprétation de « « sagt mir, wo die Blumen sind » donne la chair de poule. Je pourrais ainsi en citer d’autre, de Bonnie Tyler à Patricia Kaas.

Il n’y a pas de frontière entre une voie féminine et une voix masculine, ce qui explique les confusions.


Mais dans cette affaire, c’est autre chose.

Après quelques minutes de conversation où la cliente s’identifie comme madame, le téléopérateur affirme de manière péremptoire :

« Désolé, mais au téléphone, vous n’avez pas du tout la voix d’une femme, vous êtes née en 1989 donc vous êtes très jeune.
Pour moi, vous n’êtes pas madame.
Pour des raisons de sécurité, je vais devoir mettre fin à l’appel.
Je vais en référer à mon responsable. »

Je répète que j’ai l’enregistrement de la conversation que je reproduis fidèlement.

Pour moi, vous n’êtes pas une femme.

Comment une personne normale peut affirmer ça. Quelle arrogance, quelle prétention. Il décide que cette personne n’est pas une femme.

Pour des raisons de sécurité, je vais devoir mettre fin à l’appel.

Cette femme à la voix de contralto met en péril la sécurité de Boursorama.


Je vais en référer à mon responsable.

Et que va-t-il dire à son responsable, comment va-t-il décrire la voix étayer ses certitudes ?


Je pense à cette femme qui propose sa clientèle à cette banque. J’imagine la blessure provoquée par la mise en cause de son identité. Comment peut-on impunément jouer avec des notions si sensibles et si intimes.


Je pense qu’il y aura des suites judiciaires à cette discrimination caractérisée. En tout cas, j’apporte à cette femme tout mon soutien.


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