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vendredi 1 septembre 2017

Est-il encore intéressant d’émigrer vers l’Angleterre du Brexit ?



Par Gérard Faure-Kapper
De nombreux Français s’interrogent sur l’opportunité de s’installer en Angleterre pour y travailler.
Certains ont encore le fantasme du riche voulant mettre sa fortune à l’abri. Cet article ne s’adresse pas à eux, ils sont bien conseillés dans les banques françaises pour échapper à l’impôt et n’ont pas besoin de moi. De plus, la livre ayant perdu 27% de sa valeur, l’intérêt est plus que limité.
Le profil type est plutôt l’entrepreneur solitaire, n’ayant ni personnel, ni immobilisations en France et travaillant avec internet.

1°) le lieu de résidence et de travail.
Londres, on y pense tout de suite. Mais Londres est grand comme l’Ile de France. Si vous voulez un loyer abordable, il faut vous éloigner du centre. Oui vous habitez Londres, mais en distance, c’est comme si vous êtes à Sevran, Chaville ou Montigny le Bretonneux.
Pour un Français, un bon choix, c’est Ashford, dans le Kent. Vous avez une gare internationale qui vous met à moins de deux heures de Paris et moins d’une demi-heure du centre de Londres. Et en voiture, le tunnel est à environ 25 kilomètres.
L’immobilier n’est pas excessif. Comptez 800€ pour le location d’un 3 pièces dans une maison.

2°) La scolarité des enfants.
Il y a des écoles françaises, comme le collège CDG à Londres, mais c’est très cher. Il vaut mieux choisir une école à proximité, et il n’en manque pas.
L’école publique est préférable. L’uniforme est de rigueur, la discipline omni présente, l’autorité se fait sentir. Bref, tout est réuni pour que l’enfant apprenne.
C’est évidemment en Anglais. Il peut être envisageable de lui faire redoubler une classe pour qu’il se mette à niveau. Il apprendra vite au contact des autres enfants. Certes, au début vous vous demanderez pourquoi il parle de phoque à tout bout de champ, mais vous comprendrez plus tard.
Globalement, l’éducation est différente de la France. Bien que cultivant l’élitisme, les professeurs s’attarderont le temps nécessaire pour aider ceux qui sont à la traîne. Ceci nécessite aussi de la volonté et du travail, mais les résultats seront au rendez-vous.

3°) L’entreprise.
Vous ouvrez une Limited. L’équivalent d’une SARL. C’est très simple et très rapide. Adressez-vous à un comptable. Un point important, vous n’avez pas à donner l’objet de votre entreprise. Aujourd’hui vous vendez des sites, demain des pizzas et après demain vous réparez des voitures, vous ne changez rien.
Cette disposition est très intéressante dans un monde de plus en plus instable et où il faut être mobile, intellectuellement et géographiquement.
Vous êtes dispensés de TVA jusqu’à environ 100.000€ de chiffre d’affaire (contre 38.000€ de mémoire en France)
L’impôt sur les bénéfices est de 20%.
Si vous vous salariez, les charges sont progressives. 600£, pas de charge, 1.200£ environ 60£, 1.800£, environ 270£.
Le héressi, l’urssaf, les taxes diverses sont inconnus. Pour votre couverture maladie et votre retraite, les assurances privées ont de bons produits qui coûtent beaucoup moins chers qu’en France et couvrent mieux.

4°) Si vos clients sont en France.
C’est souvent un problème. Les clients ne sont pas toujours disposés à envoyer de l’argent en Angleterre, il y a les questions de fluctuation des cours et les délais très importants d’encaissement des chèques (souvent plus de 3 semaines).
De plus, si vous payez vos fournisseurs et vos sous-traitants en France, vous ferez des aller retour de change qui s’avèreront très onéreux à la longue.
Une solution.
Vous créez une SASU en France. Vous êtes actionnaire et directeur non résident et non rémunéré.
Ainsi, vous avez une entreprise en France qui encaissera vos clients et paiera vos fournisseurs.
Comme vous réaliserez le travail en Angleterre, c’est la Limited qui facturera la SASU. Ainsi, votre bénéfice sera fiscalisé en Grande Bretagne, et vous pourrez choisir les meilleurs moments pour effectuer les transferts de fonds en ayant toujours un œil sur le cours des devises.

5°) Les conséquences du Brexit sur les résidents français.
D’après la tendance qui se dessine, les français pourront vivre en Angleterre sans formalité jusqu’au 30 mars 2019. Ensuite, ils auront deux ans pour demander une carte de résident permanent ou la nationalité.
Pour la nationalité, il faut être dans le pays depuis plus de 5 ans. Vous êtes considérés comme résident si vous y vivez plus de 6 mois par ans.

6°) La voiture.
Vous pouvez rouler avec votre permis européen, mais vaut mieux demander le document britannique.
Un scoop : on roule à gauche. Ceci est une question d’adaptation, mais au bout d’une centaine de kilomètre, l’habitude est prise. Par contre, si vous avez une voiture avec le volant à gauche, ce n’est pas pratique.
Si vous prenez une voiture anglaise, volant à droite, il y a une certaine adaptation à la conduite et au levier de vitesse à main gauche.

7°) Autres raisons idéologiques
Au-delà des questions matérielles, le choix de l’Angleterre peut aussi être fait pour des raisons idéologiques.
C’est dans ce pays qu’a été rédigé la « Grande Charte » en 1215. D’évolution en évolution, tous les principes des Droits de l’Homme ont été édictés, jusqu’en 1354.
La révolution de 1688 a donné les assises d’une vraie démocratie parlementaire.
Toutes ces dispositions ont servi de modèles aux démocraties, notamment la constitution des Etats Unis de 1776.

Et puis, lorsque le peuple dit non lors d’un référendum, c’est non.

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