Copie
d’un article du Canard Enchaîné, de Dominique Simonnot
Les
exploits saisissants des huissiers à Deauville.
Pas
moins de 180 huissiers de justice ont été entendus, ces derniers mois, par la
brigade de répression de la délinquance astucieuse. Tous interrogés sur leurs
très chics « sessions de formation » organisés de 2006 à 2010, à
Deauville par l’Union Nationale des Huissiers de Justice (UNHJ).
Trois
jours chaque fois, subventionnées à hauteur de 600 à 900 euros chacun par le
Fond interprofessionnel de formation des professionnels libéraux (FIFPL). Ces
studieuses sessions avaient pour cadre le Royal Barrière, un palace pas mal du tout. Luxe, calme et élégance, face à la mer », tel
est son slogan. Plus sympathique que l’expulsion d’un squat ou la saisie de
comptes !
Mais
fin 2010, petit hic : un huissier se voit refuser le voyage par le FIFPL
sous prétexte qu’il a épuisé son crédit de stage, après sa participation, en
2010, à la session « l’huissier de justice entrepreneur ». Preuve de
sa présence, il a signé la liste d’émargement. Première nouvelle ! Il n’a
jamais mis les pieds au Royal Barrière…
Gribouillis
et pâtés.
Au
FIFPL, les listes sont alors épluchées, et – oh surprise ! D’infâmes
gribouillis font office de signatures. « Des faux grossiers », ont
confirmé au canard plusieurs huissiers. Soit le faussaire n’est pas très doué,
soit il ne s’est pas foulé. La plupart du temps, les mêmes paraphes illisibles
se répètent. Ces irrégularités se comptent par dizaines chaque année, et, comme
la loi l’exige, le commissaire aux comptes du fonds interprofessionnel de
formation finit par signaler les faits au procureur de Paris.
Dans
le petit milieu des huissiers, l’histoire décoiffe. D'autant que le Président
de l’Union Nationale, Eric Piquet, a pour associée la secrétaire générale du
FIFPL, (Estelle Molitor).
Pour
tenter de remettre de l’ordre dans les comptes, Piquet s’est démené, réclamant
à ses confrères des attestations de présence sur les planches normandes. De
multiples relances plus tard, le taux de vraies absences et de fausses
signatures s’élevait finalement à 32%.
Le Fonds a donc adressé à Eric Piquet,
en sa qualité de président de l’Union nationale, une « mise en demeure » de rendre 94.135€ indûment perçus.
« Cette histoire n’a aucun intérêt,
bougonne l’intéressé, furieux. Vous allez remuer de la merde ! ». Les faux, selon
lui, sont dus au zèle de son ancien secrétaire général, malheureusement disparu
à la fin de 2010.
Le
pauvre homme aurait eu recours à cet expédient en raison de la négligence de
ses confrères, plus occupés à « faire du shopping, de la marche et du golf »
qu’à signer les feuilles de présence et à écouter les formateurs.
Le
parquet de Paris – qu’on a connu plus sévère avec les voleurs de poules – n’a
pas saisi le tribunal. La dette, ramenée à un forfait de 80.000€ ayant été
remboursée et « les faux étant l’œuvre d’une personne aujourd’hui décédée »,
l’affaire a été classée sans suite le 19 octobre. Seule punition, cette année ,
la bande de joyeux huissiers a été privé de festivités normandes. Tous au Royal
Deauville l’an prochain.
Vais pas regarder un huissier de la même façon désormais...
RépondreSupprimerSi tant est que j'en croise un, je peux lui jeter un coup de pied afin de constater si c'est un humain ou de la simple viande froide? :')