Le
Crédit Agricole Bourgogne Champagne abandonne sa structure mutualiste.
par Gérard Faure-Kapper
Lors
d’un entretien avec un administrateur de l’APLOMB, un cadre de cette banque a
clairement déclaré : « les
administrateurs [bénévoles] des caisses locales, n’ont aucune responsabilité
juridique mais c'est [le représentant légal] de la caisse régionale »
Pour
nous, ce n’est pas un scoop, mais pour le monde mutualiste, c’est un coup de
tonnerre.
Le
Crédit Agricole a été créé par une loi en 1895. Chaque caisse locale (appelée
improprement agence), a une structure juridique autonome. C’est une « entreprise »
à part entière.
Il
y a autant de banques qu’il y a de caisses locales (environ 2.500)
Les
clients sont des sociétaires. Ils élisent en assemblée générale un conseil d’administration
qui va lui-même élire son bureau et son président. Toutes ces fonctions sont
bénévoles.
C’est
donc le président de la caisse locale qui est le seul représentant légal de l’entité.
C’est lui qui assume toute la responsabilité tant civile que pénale de la boutique.
Depuis
1990, ce réseau de banques coopératives et mutualistes est devenu un groupe
bancaire généraliste international.
Les
mutualistes du cœur ont été remplacés par les mutualistes du portefeuille.
Et
c’est à ce moment qu’est apparue la grande contradiction.
Dans
les faits, tous les pouvoirs réels ont été retirés aux conseils d’administration.
Certes, ils entérinent les demandes de prêts, approuvent des décisions de la
Fédération et fixent la date de l’assemblée générale.
Leur
rôle dévolu par la Fédération se limite à « pénétrer le réseau social
local » et à « utiliser toute leur influence pour convaincre leur
entourage de devenir sociétaire ». En d’autres termes, ce sont des
commerciaux non payés.
L’APLOMB
(association pour la légalité des opérations et mouvements bancaires) puise sa
philosophie dans l’œuvre de Friedrich Wilhelm Raiffeisen. C’est lui qui au 19ème
siècle a conçu et jeté les bases du mutualisme financier.
Sa
motivation sociale était d’arracher le peuple des griffes des usuriers, mais le
résultat économique fut la relance et le développement d’un monde libéré du
joug de la finance.
En
France trois réseaux sont issus de ce mouvement : le Crédit Mutuel, le
Crédit Agricole et la Banque Populaire.
L’APLOMB
veut redonner aux conseils d’administration des Caisses locales tous les
pouvoirs confisqués par les financiers.
Principalement,
éradiquer les pratiques usuraires monstrueuses pratiquées quotidiennement par
ces trois groupes bancaires.
Ce
n’était pas une utopie, mais le Crédit Agricole Bourgogne Champagne a franchi
le pas.
En
déclarant que « Les présidents des conseils d’administration n’ont plus
aucune responsabilités », il crée une situation juridique inextricable.
C’est
la négation pure et simple de leur structure mutualiste.
Certes,
ce cadre du Crédit Agricole a rappelé à l’APLOMB qu’elle peut être « attaquée
pour diffamation » s’il elle publie la vérité. Il a précisé que « le
Crédit Agricole dispose d’avocats très pointus ».
A
moins de se retrouver dans une situation déhèskaïenne, nul n’a pourtant besoin
d’avocats très pointus pour faire éclater la vérité et l’évidence.
Bien
entendu, si le Crédit Agricole Bourgogne Champagne estime que les propos de ce
cadre sur les responsabilités des présidents n’engagent que lui et non la
structure, c’est bien volontiers que je ferais paraître un démenti.
Décidément chaque billet est jubilatoire !
RépondreSupprimerC'est étonnant comme à chacune de vos interventions il se passe quelque chose d'incongru chez nos amis banquiers !
A force de secouer le cocotier il va bien finir par tomber des banquiers :D
Un grand merci à l'Aplomb !
Que penser de la Nef et du Crédit Coopératif?
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