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mercredi 24 avril 2013

Le Crédit Agricole Bourgogne Champagne abandonne sa structure mutualiste.




Le Crédit Agricole Bourgogne Champagne abandonne sa structure mutualiste.

par Gérard Faure-Kapper

Lors d’un entretien avec un administrateur de l’APLOMB, un cadre de cette banque a clairement déclaré : « les administrateurs [bénévoles] des caisses locales, n’ont aucune responsabilité juridique mais c'est [le représentant légal] de la caisse régionale »

Pour nous, ce n’est pas un scoop, mais pour le monde mutualiste, c’est un coup de tonnerre.

Le Crédit Agricole a été créé par une loi en 1895. Chaque caisse locale (appelée improprement agence), a une structure juridique autonome. C’est une « entreprise » à part entière.

Il y a autant de banques qu’il y a de caisses locales (environ 2.500)

Les clients sont des sociétaires. Ils élisent en assemblée générale un conseil d’administration qui va lui-même élire son bureau et son président. Toutes ces fonctions sont bénévoles.

C’est donc le président de la caisse locale qui est le seul représentant légal de l’entité. C’est lui qui assume toute la responsabilité tant civile que pénale de la boutique.

Depuis 1990, ce réseau de banques coopératives et mutualistes est devenu un groupe bancaire généraliste international.

Les mutualistes du cœur ont été remplacés par les mutualistes du portefeuille.

Et c’est à ce moment qu’est apparue la grande contradiction.

Dans les faits, tous les pouvoirs réels ont été retirés aux conseils d’administration. Certes, ils entérinent les demandes de prêts, approuvent des décisions de la Fédération et fixent la date de l’assemblée générale.

Leur rôle dévolu par la Fédération se limite à « pénétrer le réseau social local » et à « utiliser toute leur influence pour convaincre leur entourage de devenir sociétaire ». En d’autres termes, ce sont des commerciaux non payés.


L’APLOMB (association pour la légalité des opérations et mouvements bancaires) puise sa philosophie dans l’œuvre de Friedrich Wilhelm Raiffeisen. C’est lui qui au 19ème siècle a conçu et jeté les bases du mutualisme financier.

Sa motivation sociale était d’arracher le peuple des griffes des usuriers, mais le résultat économique fut la relance et le développement d’un monde libéré du joug de la finance.

En France trois réseaux sont issus de ce mouvement : le Crédit Mutuel, le Crédit Agricole et la Banque Populaire.

L’APLOMB veut redonner aux conseils d’administration des Caisses locales tous les pouvoirs confisqués par les financiers.

Principalement, éradiquer les pratiques usuraires monstrueuses pratiquées quotidiennement par ces trois groupes bancaires.

Ce n’était pas une utopie, mais le Crédit Agricole Bourgogne Champagne a franchi le pas.

En déclarant que « Les présidents des conseils d’administration n’ont plus aucune responsabilités », il crée une situation juridique inextricable.

C’est la négation pure et simple de leur structure mutualiste. 

Certes, ce cadre du Crédit Agricole a rappelé à l’APLOMB qu’elle peut être « attaquée pour diffamation » s’il elle publie la vérité. Il a précisé que « le Crédit Agricole dispose d’avocats très pointus ».

A moins de se retrouver dans une situation déhèskaïenne, nul n’a pourtant besoin d’avocats très pointus pour faire éclater la vérité et l’évidence.

Bien entendu, si le Crédit Agricole Bourgogne Champagne estime que les propos de ce cadre sur les responsabilités des présidents n’engagent que lui et non la structure, c’est bien volontiers que je ferais paraître un démenti.

2 commentaires:

  1. Décidément chaque billet est jubilatoire !
    C'est étonnant comme à chacune de vos interventions il se passe quelque chose d'incongru chez nos amis banquiers !
    A force de secouer le cocotier il va bien finir par tomber des banquiers :D
    Un grand merci à l'Aplomb !

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  2. Que penser de la Nef et du Crédit Coopératif?

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