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mardi 11 septembre 2012

Porte plainte chaque jour contre ton banquier, si tu ne sais pas pourquoi, lui il le sait...


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Faut-il mettre quelques grands banquiers en prison ?


C’est ce que réclame en tout cas notre confrère Les Echos (17 juillet) ! Il faut dire que les patrons de banques les accumulent ces derniers temps, entre le scandale du Libor et désormais celui de HSBC prise dans une affaire de blanchiment. Si l’histoire peut servir de leçon, le plus grand banquier américain avait fini devant un tribunal dans les années 1930…

Dans son billet, Favilla, conseille ainsi que « si quelques personnes qui ont fraudé des milliards allaient tenir compagnie aux bougres qui sont condamnés tous les jours pour quelques centaines de dollars, cela rafraîchirait les esprits »… Bon, vous avez bien noté, on parle de dollars, pas d’euros… D’ailleurs, l’éditorial de François Vidal souligne bien juste au-dessus du texte de Favilla que les moutons noirs sont anglo-saxons. Mais enfin, que Les Echos appellent à mettre des banquiers en prison souligne à quel point les dérapages frauduleux de la finance passe, enfin, de plus en plus mal.

On a déjà insisté ici sur le fait que la dimension frauduleuse de la finance inclut mais dépasse largement les escrocs emblématiques tels que Bernard Madoff ou Allen Stanford. La finance comporte une part d’ombre qui a pris ces dernières semaines le visage de Bob Diamond, patron déchu de la Barclays et dont le mistigri passe en ce moment à une autre banque britannique, HSBC, dont la filiale mexicaine a visiblement jeté toutes ses règles internes de contrôle anti blanchiment par la fenêtre afin de pouvoir servir au mieux les intérêts de ses riches clients sans leur demander d’où venait leur argent. Le scandale du Libor étant loin d’être terminé, d’autres patrons de banque vont se retrouver sur la sellette.

Dans la mesure où ils ont visiblement sciemment organisé ces fraudes, ils mériteraient non seulement de perdre leur poste et leurs bonus différés mais aussi de devoir s’expliquer devant la justice. Car, comme le rappelait le professeur Frank Partnoy dans un article récent publié dans le Financial Times, tant que les banquiers ne paieront pas juridiquement pour ce genre de bêtises, ils continueront à en faire.

De ce point de vue, le rôle de la Commission Pecora sur les errements de la finance a joué un rôle important dans les années 1930. D’aprèsson biographe Michael Perino, Pecora a d’emblée un projet politique : s’il parvient à montrer combien la spéculation et les comportements douteux de la finance sont monnaie commune et non le fait de quelques escrocs, il pourra ouvrir la voie à une politique sérieuse de régulation. Pour cela, il choisit une cible symbolique de la finance, Charles Mitchell, le patron de City Bank, alors le plus puissant banquier des Etats-Unis.

C’est le type même du banquier arrogant. Dirigeant la plus grande banque du pays, il affiche une richesse ostentatoire, un engagement ultraconservateur et porte la bonne parole de l’autorégulation des marchés. Quand Pecora lui envoie une citation à comparaître, il s’apprête à prendre le bateau pour l’Europe à l’appel de Mussolini qui réclame ses conseils en matière de change…

L’audition de Mitchell par Pecora commence le 21 février 1933. Le 26 février, il est contraint à la démission, avant d’être arrêté le 21 mars pour fraude fiscale. Après six semaines de procès, défendu par l’un des avocats les plus réputés qui dénonce la diabolisation et la « psychologie de foule » à l’égard de son client, il est acquitté. Le gouvernement le poursuit au civil et la Cour suprême statue en 1938 qu’il doit 1,1 million de dollars au fisc. Il refera fortune…

Mais Roosevelt a su s’appuyer sur la pression mise par Pecora pour faire avancer ses nouvelles régulations financières. Les banquiers qui font la Une des commissions d’investigation et des tribunaux sont moins enclins à pouvoir démontrer qu’il ne faut pas les réguler. Roosevelt l’avait bien compris…

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