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lundi 10 septembre 2012

Lettre ouverte à Madame la Ministre de la Justice sur les dérives du recouvrement de créance.




APLOMB
Association pour la légalité des opérations et mouvements bancaires


 Madame la Ministre de la Justice
 Et Garde des Sceaux


         Madame la Ministre,

         Notre association vient en aide aux personnes démunies devant les problèmes de surendettement et de recouvrement de créance.

         Il y a des lois et des textes qui ont le mérite d’être bien faits en protégeant les intérêts légitimes des créanciers et des débiteurs.

         Malgré les méthodes des cabinets de recouvrement de créance, l’institution judiciaire sait y mettre bon ordre et régler équitablement nombre de situations.

         Le problème dont je souhaite vous entretenir est celui des huissiers qui sont officiers ministériels et publics avec un rôle bien défini et encadré juridiquement, comme la signification des actes de justice.

Il est admis qu’un huissier puisse avoir, en dehors de son activité d’officier ministériel, une autre activité de recouvrement "amiable" de créances.

Calquée sur ce type de société privée, son action doit rester dans le cadre de la réglementation spécifique de cette profession dans le respect du décret 96-1112 du 18 décembre 1996 et qui encadre très strictement cette activité.

En aucun cas il ne peut se prévaloir des droits et pouvoirs issus de son autre activité d’huissier.

Les sociétés de recouvrement de créances exercent leur activité en usant de toute une gamme de comportements que l’on retrouve dans certains pays chez les sbires d’organisations criminelles. Harcèlement, intimidations, menaces, violence verbale voire physique, dénigrement auprès du voisinage, appels à tout moment de la journée et du week-end, menaces de saisies en dehors de la présence de l’intéressé, chantage à l’employeur et j’en passe.

Régulièrement ces sociétés reçoivent des rappels à la loi qui les calment pendant un certain temps.

Le côté inacceptable de cette activité, c’est de priver la victime de tous ses droits et recours devant les tribunaux. C’est d’ailleurs une atteinte caractérisée à toutes les règles en vigueur et aux articles 7 à 12 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Certes, va-t-on me dire, il ne faut pas généraliser, certains cabinets travaillent dans le strict respect de la loi. Alors je répondrai que c’est une bonne nouvelle et qu’il appartient à ces gens réellement honnêtes de faire le ménage dans leur profession.

Les huissiers pratiquent aussi cette activité. Si en théorie, ils ne peuvent mettre leur qualité d’officiers ministériels en avant, en pratique ils ne s’en privent pas.

Pour comprendre l’hérésie, imaginez qu’il soit permis à un gendarme d’exercer une autre activité. Le samedi soir ce militaire trouve une place de videur dans une boîte de nuit. Rien à dire. Mais s’il exerce cette activité avec son uniforme et son arme de service, alors là, il y a un problème.

C’est pourtant de cette manière que les huissiers exercent leur seconde activité de recouvrement de créance.

Et tous les malentendus proviennent de cette confusion des genres et font ressortir un conflit d’intérêt qui explique clairement tous les comportements déviants

         En examinant une relance « amiable » d’un huissier. Le conflit d’intérêt est plus évident.

L’objectif est de terroriser la victime et de la mettre sous dépendance. Si la personne réagit, c’est gagné. Il faut la convaincre qu’elle a affaire à un huissier de justice, officier ministériel et public et que tout est « officiel ».

C’est un paradoxe dans notre pays dit de Liberté. La République n’est pas ressentie comme une amie ni une alliée. Elle inspire toujours la peur. Cela doit dater probablement du comité de salut public, des tribunaux révolutionnaires, de la terreur, de la guillotine et de la Vendée.

Rédaction de la lettre de relance dite « amiable »

L’entête : X Y Z Huissiers de Justices
Près le Tribunal de Grande Instance de Paris

2 mots clés : huissier et tribunal.

Suivi de l’adresse complète comprenant le code de l’immeuble, l’étage et l’emplacement de la porte.

L’huissier vous montre qu’il saura vous trouver. Sauf bien sûr s’il doit vous signifier un acte vous ouvrant le droit à recours ; Dans ce cas, il se contente d mettre un petit papier bleu dans la boîte en priant pour que vous ne le trouviez pas.

En outre, il est fréquent de rajouter après le nom « et sa succession » pour rappeler qu’ils s’en prendront aux héritiers.

Puis l’huissier rajoute un certain nombre de mentions :

Dernier avertissement avant saisie.
Nous demanderons et obtiendrons votre condamnation au tribunal.
Nous nous présenterons à votre domicile, même en votre absence pour procéder à la saisie de vos meubles.
Nous contacterons votre employeur pour saisir votre salaire.
Nous allons bloquer votre compte en banque.
Nous allons procéder à la vente de vos biens.
En cas de recours abusif, vous serez condamné au paiement d’une amende civile et des dommages et intérêts
Nous passerons mardi prochain à votre domicile avec un serrurier pour procéder à l’inventaire de vos biens

Commentaires :
1°) La lettre est orientée pour créer un maximum de panique chez son destinataire. Et ça marche. Le taux de réussite chez les personnes âgées est impressionnant.
2°) L’utilisation du titre et des prérogatives d’huissier en tant qu’officier ministériel est claire et évidente. Pourtant nous sommes totalement en dehors de toutes procédures judiciaires. L’huissier intervient en tant que cabinet de recouvrement « amiable »
3°) Il intervient en dehors des lois, ce qui lui permet de demander les sommes les plus extravagantes, sans aucune vérification possible.
4°) Il ignore la nature de la créance qu’il n’a pas vérifié. S’il s’agit de frais bancaires, ceux-ci sont très souvent facturés en constituant un délit d’usure. L’huissier, officier ministériel et public se rend coupable de complicité et de recel de délit d’usure
5°) l’huissier est en totale contradiction avec son devoir de diligence est de prudence inhérent à sa fonction et sa mission.
Cette méthode dite « amiable » peut être assimilée à une tentative d’extorsion de fonds. Circonstance aggravante, dans l’exercice d’une fonction d’officier ministériel. On peut rajouter le chantage, la menace, l’abus de faiblesse, l’abus de confiance.

         Quand, après avoir obtenu une ordonnance portant injonction de payer, l’huissier doit la signifier, que sera-t-il tenté de faire ?

         S’il remplit sa mission comme il se doit, il signifiera le jugement entre les mains de la personne concernée qui sera informé de ses recours. Il risque souvent l’annulation de la dette, donc une perte sèche pour lui.

         Alors, au lieu de signifier, il assure un service minimum en glissant un petit papier bleu dans la boîte aux lettres et en espérant que le client ne la trouve pas, ce qui arrive fréquemment.

         Le client ne fait pas opposition et l’huissier obtient une ordonnance exécutoire. Il ne lui reste plus qu’à effectuer la saisie.

         Cabinet de recouvrement et officier ministériel, il est là le conflit d’intérêts.

         Madame la Ministre, la vie de centaines de milliers de gens, voire des millions, est devenu un enfer parce que ni les banques, ni les huissiers ne respectent scrupuleusement la loi.

         Je tenais, par cette lettre, à vous informer de cette situation au nom des milliers de gens qui me font confiance sur mes réseaux.

         Ces gens vous font aussi confiance pour rappeler aux officiers ministériels les dispositions réglementaires auxquelles ils doivent se soumettre.

         Veuillez croire, madame la Ministre, en l’expression de mes sentiments respectueux.

                                                                                 Gérard Faure-Kapper





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