Par Gérard Faure-Kapper
Employés de banque : de la noblesse d’une vocation à la misère d’un job.
Les
études quotidiennes des dossiers judiciaires des clients contre les banques
font ressortir le cœur du problème : l’incompétence voulue du personnel.
Il
ne s’agit pas de disserter sur une expression à la mode devenu lieu commun,
mais de s’interroger sur cette décadence. Comment les banques en sont arrivées
là ?
Cette
profession que j’ai connue jadis était la fierté et l’honneur de ceux qui la
pratiquaient.
Les
dirigeants étaient souvent issus du personnel à l’image de Maurice Schlogel
dans les années 60 au Crédit Lyonnais. Rentré comme garçon de course à 15 ans,
il avait gravi tous les échelons à la force du poignet pour atteindre la plus
haute fonction.
A
l’image aussi de Jacques Chaine, un homme de la banque et du métier, tombé sous
les balles d’un exalté en 1974.
Les
dirigeants d’aujourd’hui n’ont aucun point commun avec ces mousses devenus
capitaines. Issus des grandes familles et des grandes écoles, ils seraient bien
incapables de tenir un guichet dans une de leurs nombreuses agences.
Plus
soucieux de leur image mondaine, de l’entretien de leurs relations politiques,
ils se nourrissent de salaires faramineux accordés à l’unanimité des conseils d’administrations
représentant les actionnaires gavés de dividendes.
Comment
s’étonner du virage fatal pris par les banques dans les années 90. Baisser les
frais généraux en augmentant les bénéfices.
Le
personnel des agences d’abord. Leur coût, lié à leur formation, leur compétence
et leur expérience, devait être diminué.
Ce
fut l’époque des « charrettes », des propositions qu’ils ne pouvaient
pas refuser, un chèque contre une lettre de démission.
Ils
furent remplacés par des employés payés au minimum. Seules leurs qualités de
vendeurs de chaussettes comptaient.
Ils
avaient simplement l’assurance d’être protégés par leur Direction. L’ordre
était le racket maximum des clients. « Un client, c’est comme un citron,
il doit juter, et très vite », s’écriait un dirigeant d’une banque
mutualiste devant un parterre de commerciaux.
« Ne
vous occupez pas de la légalité de vos actions, les clients ne sont pas
juristes et nous ferons en sorte qu’ils n’aient plus les moyens de se payer un
avocat ».
« Les
cas extrême seront transmis à notre service juridique. S’il faut payer, nous
paierons et nous rattraperons sur la masse des blaireaux ». (Ces propos
sont authentiques)
Avec
de tels soutiens, comment s’étonner de l’arrogance de ces petits barons qui
veulent user des privilèges renaissants en créant leurs propres règles du jeu.
Ils vont de plus en plus loin, comme au Crédit du Nord où des montages
sophistiqués permettent de saisir à bas prix tout le patrimoine du client.
« Chez
nous, les employés ne sont pas payés en fonction de ce qu’ils vendent ». C’est
le nouveau slogan publicitaire de beaucoup de banques.
C’est
vrai et pour cause, s’ils n’atteignent pas leurs objectifs, ils sont virés.
La
carotte ou le bâton. Vu leurs formes les deux auront finalement le même usage.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire