(Extrait du "livre noir de la banque" de Gérard Faure-Kapper aux éditions Luthenay.)
L’immunité judiciaire
de fait des banques
Les juges chargés de
trancher les litiges entre les banques et leurs clients n’ont jamais eu la
réputation de protéger les établissements financiers. Ceux-ci sont d’ailleurs
très souvent condamnés et pour une raison simple, ils sont en tort.
Se pose alors un
problème pour les banques : elles ne peuvent être rentables qu’en étant
hors-la-loi. La solution, c’est la maîtrise des avocats. Avoir les meilleurs
pour soi et décourager les autres de s’attaquer à une banque.
Ce système fonctionne
et même très bien, notamment en province où, plus que dans les grandes villes,
les notables se connaissent et fréquentent les mêmes clubs, les mêmes lieux,
les mêmes personnes. Les acteurs de ces affaires se rencontrent souvent une
coupe de champagne à la main et se tutoient. Les juges, les procureurs, les
banquiers, les avocats, tout le monde sauf bien entendu les clients.
La solution est
simple : décourager le client de faire appel à la justice. Chantage,
intimidation, menaces ainsi que d’autres moyens plus subtils.
Ceux qui passent au
travers et qui arrivent néanmoins devant le bureau du juge à force
d’obstination et de patience, seront remboursés. La banque se rattrapera alors
sur tous les autres clients.
Le directeur d’une
grande banque mutualiste a clairement illustré l’état d’esprit du système. Lors
d’une assemblée, en répondant à la question d’un directeur d’agence qui
trouvait choquant cette exploitation de la misère, il a fait la réponse
suivante (les termes sont authentiques) :
« Le client est
comme le citron, il doit juter, et tout de suite. Ponctionnez son compte au
maximum. Sur cent clients, soixante vont râler, quarante feront une
réclamation, vingt menaceront des tribunaux, dix commenceront une procédure,
deux porteront plainte… Ces deux là nous les rembourserons, et nous en aurons
largement les moyens avec l’argent gagné sur les quatre-vingt-dix-huit
autres. »
Tout est dit dans ce
discours. C’était certes imprudent de le rendre public mais il reflète
exactement l’état d’esprit des banquiers.
Voici donc les
obstacles dressés sur le chemin des tribunaux.
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