(Extrait du "livre noir de la banque" de Gérard Faure-Kapper aux éditions Luthenay)
Facturation,
l’effet multiplicateur
Prenons un exemple. Dans la grille de tarification
apparaissent : frais de refus de prélèvement = 20 euros. La banque va
justifier ce montant par l’intervention d’un de ses agents devant l’anomalie de
fonctionnement du compte. Le gestionnaire va cliquer sur l’ordinateur la case
« refus ». 20 euros, c’est le coût de ce clic. Bien souvent le
montant du prélèvement est inférieur à cette somme et provoquerait un débit de
5 ou 6 euros. Qu’importe, le clic rapporte 20 euros et ne coûte rien à la
banque.
Un prélèvement n’arrive
que rarement seul. L’employé refuse alors à la suite, 20 euros, 40 euros, 60
euros, 80 euros. Un tel pouvoir est grisant. Le compte est alors débiteur de 80
euros. On y rajoute une lettre à 18 euros, puis une seconde, puis une troisième…
Les organismes, victimes du refus, vont représenter les
prélèvements en y rajoutant leurs propres frais. Une aubaine pour le
gestionnaire. Une nouvelle série de clics et de lettres. Nous sommes à près de
200 euros. Un chèque se présente. Refus avec des frais bien supérieurs. Un
second chèque, puis un troisième, puis lettres, puis frais d’intervention, puis
nouveaux refus.
Fichage à la Banque de
France donc paralysie totale du client qui ne peut plus retrouver aucun
financement. La banque continue à l’accabler. Dénonciation du découvert,
exigibilité de la totalité du prêt immobilier, huissier, saisie, vente… à cela
se rajoutent les problèmes inhérents, saisie-arrêt sur le salaire, coupure des
ressources, puis les problèmes familiaux qui apparaissent…
La suite, personne n’ose en parler car c’est quelquefois une
corde attachée à la charpente de la maison, dans le grenier, ou bien la rue, le
placement des enfants, etc.
Et l’employé de banque dans tout cela, celui qui a provoqué
artificiellement cette faillite, a-t-il conscience de sa responsabilité ?
Pas du tout, il n’a fait que son travail, va-t-il rétorquer. Non, il n’a pas
fait que son travail, il a anéanti une famille et il en est responsable. Il est
le bras séculier d’entreprises qui vont s’enrichir en exploitant la misère
qu’elle va créer.
Cette histoire n’est pas inventée, elle est
réelle. Si les banquiers veulent s’en convaincre, nous pouvons leur basculer le
standard de nos associations. C’est le quotidien de millions de personnes et
les conséquences sont toujours dramatiques. Il est facile de montrer du doigt
les gens surendettés. Si la banque ne leur imposait pas des frais
insoutenables, ils honoreraient leurs engagements.
Ce phénomène de l’effet
multiplicateur est invisible et difficilement démontrable, sinon par l’exemple.
Une question se pose, quand elle détruit une famille, la banque le fait-elle
dans la légalité ? Non, ce n’est même pas de l’abus de droit, c’est
illégal comme nous le démontrons dans le chapitre deux de cette partie.
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